top of page

EXPO

La naissance de l’artiste
Et autres fragments

​Je présente ici mon travail précédent « la naissance de l’artiste » (2007) et mon travail hors du deuil de mon père : «autres fragments» (2024)

​Les mots en logorrhée, le travail sur le collage, les écrits, tant sur le plexiglass que sur le carton (support favori) sont présentés ici sans explication.

​Chacun se fera son idée.

​Collages de mes photographies, posca, peinture parfois (« la revanche ») et lumière ajoutée à la transparence du plexi.

Toutes ces œuvres sont en vente individuellement, au contraire de « l’histoire du deuil » ici :

chaque œuvre est indépendante et se suffit à elle-même.

« Les gens médiocres arrivent à tout, parce qu’ils n’inquiètent personne »

Daniel Darc

Auteur compositeur interprète.

UNE HISTOIRE DU DEUIL : Collection « mes précieux »

Mon père est né en Algérie, près de Sétif, en 1945.

Fils aîné d’une grande fratrie (son père s’est remarié deux fois) Poussé par la grande précarité des siens, il part travailler en France dès l’âge de 18 ans.

Il devient cuisinier à Annecy où il rencontre ma mère en 1975. En 1976, il emmène ma mère, enceinte de moi, à El Eulma : son village natal, pour lui présenter sa famille.

Ils déménagent à Lyon peu avant ma naissance.

Leur relation est tumultueuse : mon père plus âgé qu’elle d’une dizaine d’années, profite de l’alcool, du jeu, des cigarettes et de la fête : ce n’est plus compatible avec une vie de famille.

Je suis sa fille aînée : il m’a reconnue, mais ma mère a souhaité que je porte son nom de famille à elle.

Elle a toujours voulu que je ne sois qu’à elle.

Mon père venait me voir le mercredi après-midi. Quand il le pouvait.

Dans les années 90, il s’est marié en Algérie et trois enfants sont nés : une fille puis deux garçons.

En 1996, avec l’argent de son travail gagné en France, Il a commencé à faire construire sa maison dans son village familial où chacun de ses frères a fait construire sa maison aussi.

Je n’ai jamais pu aller rendre visite à ma famille algérienne dans l’enfance : ma famille maternelle craignait trop que je ne revienne jamais.

Je voyais mon père trois à quatre fois par an, au gré de ses retours en Algérie et de sa vie professionnelle en France, faite de petits boulots sans qualification.

Il ne savait pas écrire le français et le lisait difficilement : personne ne lui ayant jamais appris.

J’aimais mon père avec “distance” je ne savais pas assez qui il était : il ne racontait rien de son passé ni de ses émotions.

Un amour profond nous unissait tout de même.

Il a toujours été très protecteur.

Jusqu’à 2019 où, prise par des tourments intimes dont je lui faisais porter la culpabilité : j’ai cessé de le voir.

Je sais qu’il en a souffert. Notamment parce qu’il était très attaché à ma fille aînée : sa première petite-fille.

Dans l’été 2021 il est décédé dans son sommeil, dans sa maison, en Algérie.

Je n’ai pas pu assister à ses obsèques.

Sa mort soudaine a été un tremblement intérieur intense pour moi que mon entourage proche a mal compris : je ne parlais jamais de lui.

Après m’être occupée de nettoyer et vider son petit appartement lyonnais en août 2021, quelques jours durant lesquels j’ai photographié tout ce qu’il avait laissé, j’ai conservé ce qui me semblait

essentiel.

Ce sont “mes précieux” ici rassemblés.

Ce que je désire montrer, au-delà de cet héritage particulier, c’est la vie de ces immigrés qui quittent leur pays pour essayer d’offrir aux leurs une vie meilleure.

En cela, mon père a réussi puisque je suis allée en Algérie : sa maison familiale est le résultat de son dur labeur. Toute sa famille y vit en parfaite harmonie.

Mais cela l’a contraint à s’en aller sans cesse et voir peu grandir ses enfants.

Cela l’a contraint aussi à vivre dans une situation précaire en France : une vie quasi monacale, car tout l’argent était destiné à sa famille en Algérie.

Mon père était un homme bon et généreux, drôle et charismatique : partout où il est passé : chacun se souvient de sa grande présence.

J’exprime ici aussi la difficulté d’une double culture : la mienne, française et algérienne et de l’importance d’aller chercher ses racines, longtemps ignorées : ce que j’ai fait, enfin, à l’âge de 47 ans et qui m’a libérée.

Et alors que j’ai coupé tous les ponts avec une famille maternelle infiniment toxique : je garde ma famille paternelle algérienne : douce et tendre avec moi et les miens et j’envisage moi aussi de faire construire une maison là-bas, à El Eulma, en face de celle de mon papa.

Cette exposition est dédiée à mon père Khoutir Zeghib dit Kader.

A sa place silencieuse sur terre.

De toutes les œuvres de cette « histoire du deuil » ne sont à vendre que les photographies,

l’exposition n’ayant de sens que dans sa globalité.

​​​​

  • Instagram

clelia4ever(AROBASE)gmail(DOT)com

© 2024 cleliaforever . Tous droits réservés

LEOFF_LogoSolo2024_108.png
bottom of page